La Méditerranée et le soleil réunis dans un même verre dans lequel « on fait tinter les glaçons »… Et l’été est là ! Car du soleil, il y en a dans cette potion magique inventée par Paul Ricard en 1932 et qui rayonne sur toutes les terrasses et sur les comptoirs patinés par les coudes des fidèles de l’anisette.
Et ils sont nombreux !
Publicitaire dans l’âme et génie du marketing, Paul dessine lui même les premières étiquettes et décline les premières affiches de l’indémodable breuvage à base de badiane, en capitalisant sur le bleu et le jaune, son pays de cocagne, la mer étincelante et le soleil qui rend fou. À moins de s’en protéger, en terrasse, sous la tonnelle ou dans la fraicheur d’un petit bar, un ricard à portée de main et la célèbre carafe jamais loin pour noyer le poison !
« Il ne suffit pas qu’un produit soit bon, il faut lui donner une âme ! ».
Et il n’y a pas que la succession de « jaunes » enfilés les uns derrière les autres en bavassant l’air de rien (et surtout de rien !) qui donne le tournis — on le boit parfois « au mètre » mais il faut être un peu fada pour relever le défi — car les chiffres attachés à la marque sont eux aussi assez fous. Si on ne devait en retenir que trois, on pense à 45, comme le degré d’alcool du célèbre breuvage et qui révèle toute sa saveur. Ou à cette bouteille d’un litre : audace de Paul Ricard pour s’affranchir de la concurrence, car « d’un litre, on peut tirer 50 verres ! ». Un dernier ? Les 2 milliards de bouteilles produites à ce jour, auquel s’ajoutent les 10 milliards d’eau, selon les conseils du fondateur : « Un volume de Ricard, 5 volumes d’eau ». Soit plus d’un an de la production française d’eau minérale !
« Je n’ai jamais lésiné sur mes rêves ».
Pour promouvoir leur célèbre liqueur marseillaise, Paul Ricard et son frère s’appuieront très vite sur la réclame mais n’hésiteront pas dans les années 50 à créer des évènements autour de la marque et à poser les bases de la communication globale, de la promotion par l’objet (carafes, brocs, verres, doseurs…) en passant par le mécénat sportif, dont le Tour de France cycliste,
les courses automobiles et l’incontournable « circuit Paul Ricard », ou la voile et le victorieux trimaran du même nom sur lequel Tabarly bat le record de l’atlantique en 1980.
Ricard est de tous les Tours de France, sur les camions, les tenues cyclistes mais aussi sur toutes les têtes (Ah, le fameux bob que tout le monde connait mais ne porterait pour rien au monde !). Et naturellement, en bonne place sur les tables pliantes des spectateurs avachis au soleil, grâce notamment à la diffusion « presque confidentielle » — car pour en avoir une à soi, il fallait
la dérober au café, à défaut de la trouver chez un brocanteur ou sur eBay ! — de la célèbre carafe plusieurs fois « re-diz-ail-née », et avec des designers de talents.
Et si on devait dans cette brève patrimoniale et estivale rendre à César ce qui lui appartient, saluons l’inspiration de l’agence Young & Rubicam qui en 1984 inventa le célèbre slogan imprimé dans tous les esprits et qui aujourd’hui colle encore à la marque ensoleillée, et donne le titre à cet article.
* L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération !