Plutôt que de sortir un texte hautement philosophique sur la place du graphic design à travers les siècles (on y reviendra, pas d’inquiétude !), parlons un peu de nos voisins… qui font des pizzas comme ça !
Little Italie c’est par ici…
Nous avions déjà à deux pas nos amis de Daroco qui ont réinvesti l’an dernier l’ancienne boutique de Jean-Paul Gautier (6 rue Vivienne, Paris 2e), transformant l’espace dont la hauteur sous plafond très new-yorkaise au sein duquel l’aimable personnel déambule avec assurance dans les marinières qui signent l’identité de l’ancien locataire. La carte transalpine n’a rien de transcendantal mais elle « fait le job ».
Plus proche de la Bourse et à l’angle de la rue Montmartre, la nouvelle vitrine toute en longueur de Popolare [à prononcer à l’italienne « popolaré »], a attiré notre regard avant même que la foule ne se précipite dans ce tout nouveau lieu parisien de la gastronomie italienne populaire.
Quelle est donc cette vitrine hautement alcoolisée au 111 rue Réaumur qui nous tend ses divins flacons ? Si notre ancien ministre de la santé Claude Evin tombait dessus, il pourrait être tenté d’élargir le périmètre de sa loi sur la publicité alcoolique… avant de pousser la porte sur l’une des 15 000 bouteilles qui composent la décoration? Un tel concept d’architecture commerciale, ce n’est plus une invitation, c’est de la provocation !
Le lieu est à l’image de Big Mamma, ce nouveau groupe que construisent depuis quelques années deux entrepreneurs passionnés — Victor Lugger et Tigrane Seydoux — qu’il s’agisse de East Mamma ou de Mamma Primi, des restaurants italiens simples et décomplexés, ou de leur magnifique épicerie (le Biglove Café) avec ses produits à se damner…
Et le design dans tout ça ?
Omniprésent, quasiment expérimental, comme on l’aime. De la simplicité, des couleurs vives, un peu de typo travaillée à la main et fignolée dans Illustrator pour les logos des différentes enseignes mais surtout, des objets authentiques et une belle vaisselle (presque) ancienne pour raconter l’intemporalité des lieux. Un savant cocktail dans l’air du temps qui ne nous est pas totalement étranger en termes d’approche de nos métiers, quand l’authentique réinventé devient furieusement tendance.
Le site web du groupe est un modèle de simplicité qui n’a qu’un inconvénient majeur : celui de vous faire saliver devant votre écran, avant que vous ne fassiez la queue 15 à 30 minutes dans la rue. L’absence de réservation fait partie du concept, et ça marche ! Le site ? Un peu de gif par-ci, quelques jolis effets parallaxe par-là et autres jeux de superpositions de textes et photos comme on les pratiquait il y a 20 ans et qui reviennent sur le devant de la scène graphique.
Ceci n’est pas de la publicité déguisée !
Ces lieux à découvrir, dont les propriétaires sont des pro des réseaux sociaux et des RP, mais dont la stratégie consiste à faire croire qu’il ne s’agit que de bouche à oreille, ne nous subventionnent pas ! Il nous tient simplement à cœur de partager ces adresses autour de l’agence et qui méritent le détour. Et si d’aventure vous passez dans le « centre », faites un saut chez Luciole : on ne sert pas (encore) de pizza, mais notre sens de l’accueil et du design — qui se prêterait bien à l’ouverture future d’un concept store 😉 — n’est plus a démontré.