Au-delà de la répétition d’une figuration ou d’une forme abstraite, géométrique ou juste esthétique, saviez-vous que derrière chaque motif japonais se cachent un univers, des symboles, une histoire ?
Le motif classique japonais par excellence
L’ Asanoha représente les feuilles de chanvre, une plante endémique de l’Asie dont l’usage comestible et vestimentaire remonte à plus de 2000 ans. Les premières traces de ce motif sont apparues sur des bouddhas de l’époque Heian (VIII-XIIe s.). Le chanvre, plante robuste ayant la réputation de pousser vite, les Japonais avaient coutume d’utiliser ce motif sur des amulettes de naissance et des langes pour bébé.
Un motif qui caresse l’éternité
Le Seigaiha représente les vagues de la mer bleue ondulant à l’infini et exprimant l’éternité.
Il trouve son origine en Perse pendant la dynastie des Sassanides (III-VIIe s.) et arrive au Japon par la route de la Soie durant la période Asuka (VI-VIIe s.). Le mot seigaiha désigne à l’origine une danse au cours de laquelle deux danseurs reproduisent par le balancement de leurs longues manches de kimono, le mouvement des vagues. Cette danse s’inscrit dans le répertoire des musiques sacrées Gagaku classées au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Le motif poétique
Ume représente la fleur de prunier à 5 pétales. Il est souvent associé au grand poète érudit Michizane (IXe-Xe s.) qui écrivit de nombreux poèmes sur son arbre favori, le prunier. Mort de désespoir après avoir été faussement accusé de complot contre l’empereur, et à la suite de laquelle de nombreux malheurs se sont abattus sur la famille impériale, le poète fut déifié sous le nom de Tenjin, le dieu des lettres et des études. Les étudiants japonais ont aujourd’hui l’habitude de le prier en période d’examens !
Le motif hexagonal
Kikko représente les écailles de tortue, un animal très populaire qui symbolise la longévité dans l’iconographie japonaise, ainsi que la connaissance. Ce motif fut autrefois la marque distinctive des nobles et des érudits de la cour impériale de l’époque Heian (VIII-XIIe s.). Peu à peu abandonné, ce motif redevient populaire à l’époque Edo (XVII-XIXe s.), grâce aux kimonos du Nô et du kabuki, des théâtres japonais traditionnels.
Pour l’anecdote, la marque « Kikkoman » – dont le design de la célèbre bouteille de sauce soja a par ailleurs fait l’objet d’un des coups de cœur de l’agence (news n°38 du 1er février 2016) – en a fait un jeu de mot, « Kikkômon » signifiant « emblème kikko », et en a fait justement son logo.
Si vous n’êtes pas insensible à la culture japonaise, vous prendrez vite l’habitude de reconnaitre ces motifs, dans la mode, l’édition ou la décoration. Vous les retrouverez également sur les « Washi », les papiers japonais à origami.
Dans la veine des box à découvrir chaque mois, Washi Box vous propose une sélection de 10 véritables papiers Washi en provenance directe du Japon. En amoureux du papier, nous avons appris beaucoup de choses grâce à cette petite compagnie, créée par Emilie, une passionnée, par le Japon, sa culture et ses papiers.