13 août 2018

L’art en vacances

« J’ai créé cette fondation pour le plaisir de partager ce que j’aime avec le plus grand nombre. Je préfère le mot « partager » à celui de «transmettre ». C’est la raison pour laquelle j’aime les œuvres accessibles. »  édouard carmignac

On connaissait Porquerolles pour ses divines plages dorées, de Notre-Dame, long ruban blanc à 20 minutes en vélo du bourg, à celle du Langoustier, plus intime et à l’ouest. On rejoindra dorénavant l’île aussi (ou d’abord !) pour se cultiver aux heures les plus chaudes, et en revenir des (é)toiles plein les yeux !

Ouverte en juin dernier après des mois de travaux — quand il s’agit de créer 2 000 m2 supplémentaires sans que les contours de la maison historique (une ferme !) ne soient modifiés en apparence ni ne prennent un seul m2 en surface, loi Littoral oblige — la Fondation Carmignac est une institution qui deviendra rapidement incontournable dans le Var, plus pauvre en lieux culturels que ne le sont ses départements limitrophes.

«Camignac.» Un nom qui évoque d’abord le cabinet de gestion français du même nom, qui s’est imposé dans l’art financier de placer les millions de ses clients et les faire fructifier intelligemment… Mais quand son fondateur Édouard Carmignac, redoutable financier connu pour son niveau d’exigence et sa rigoureuse gestion, décide de créer une fondation puis de rendre publique sa très belle collection, il y a là une forme de générosité avec le plus grand nombre ce qui qui ne manque pas d’élégance.

Ainsi en est-il des fondations récentes, structures d’optimisation fiscale pour les Cartier, Vuitton et autres François Pineau, mais dont les joyaux qu’elles possèdent sont offerts au regard d’un public bien plus large, dans de superbes écrins, ce dont on ne peut que se réjouir !

Car l’expérience de la Fondation Carmignac mérite d’être vécue ! D’abord parce que nous sommes sur une des plus belles îles du littoral français, mais surtout pour le plaisir que procure ce nouveau lieu artistique. « Invités » de cette demeure enterrée avec vue sur la mer des terrasses supérieures, on s’y sent comme tel, car la foule n’a pas encore envahi ces espaces contemporains remarquablement construits. Touchante de simplicité, la proximité avec les œuvres est un cadeau magnifique.

Des Roy Lichtenstein, des Warhol, des Basquiat (oui, « des » Basquiat !), et quelques belles autre signatures moins connues, mais aussi deux Botticelli : les œuvres offertes à notre regard avec la même intimité que celle que nous proposerait une galerie en ville, est loin, bien loin de ces tableaux qu’on admire plus difficilement à Beaubourg, au MoMA ou à la New Tate, squattés par des hordes de touristes munis d’iPad !

Une visite qui s’effectue obligatoirement pieds nus, pour inviter chaque visiteur à vivre une expérience sensorielle unique, quand le dallage de chaque salle a été pensé dans ce sens. Une « folie » du propriétaire dont on sourit, mais dont on apprécie très vite le bonheur que cela procure.

Le jardin extérieur — le « non-jardin » selon le concept orignal — qui attendra le poids des années pour se magnifier lorsque les essences locales auront pris soin de s’épanouir, renferme à l’air libre 😉 quelques trésors qui ne laissent pas indifférents. Et tous créés « sur-mesure » par des artistes venus du monde entier. Qui rencontre Les trois Alchimistes de Jaume Plensa, qui semblent veiller sur Porquerolles comme les Moaï géants de l’île de Pâques, en ressortira touché au cœur.

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