14 novembre 2016

[di.zajn]

« Le designer est un inventeur de scénarios et de stratégies. Ainsi, le projet doit s’exercer sur les territoires de l’imaginaire, créer de nouveaux récits, de nouvelles fictions, qui viendront augmenter l’épaisseur du réel », Andrea Branzi, 1985.

Autrement dit, le graphic-designer a vocation à créer des univers de signes qui interpellent nos imaginations, interprètent la réalité et façonnent nos représentations. De l’anglais “to design” qui signifie à la fois dessiner et concevoir en fonction d’un dessein, le design comprend l’idée et sa représentation.

On dessine avec la tête

Très loin d’être une simple compilation d’éléments graphiques assemblés un peu au hasard de la page ou de l’écran, l’image se construit d’abord avec la tête, dont le crayon ou la souris n’en est que le prolongement, comme le pinceau l’est chez le peintre. L’inspiration ne vient pas de la main, mais bien de la matière grise elle-même alimentée par une « Data » qui varie en fonction de chacun.

Construire une image à partir d’éléments différents, c’est justement puiser dans son imaginaire et faire appel à des « bases de données » extérieures, qu’il s’agisse d’une bibliothèque (avec de vrais livres !), du world wide web, ou d’une classique « banque d’images ». Mais c’est surtout de sa propre culture graphique (et générale) que l’on nourrit — souvent inconsciemment — de tous les signes que l’on croise chaque jour. Autrement dit, d’une base de données interne, personnelle, stockée dans un coin de la mémoire et non limitée en mega ou tera. En somme, un Cloud sans limite et… gratuit !

La pertinence, l’originalité (dans toute la noblesse du terme) et la vraie richesse d’une « nouvelle image » viennent justement de la capacité à réinterpréter les signes, qu’ils soient iconographiques, pictographiques ou typographiques, pour mieux les rassembler. Et c’est là que nous intervenons. 

Un peu comme un designer de mobilier à qui on demande de dessiner une chaise : même s’il part « from scratch » (autrement dit, de la page blanche), il n’effacera pas de sa mémoire toutes les images à quoi renvoie le mot « chaise ». Ce serait d’ailleurs assez stupide, car ce sont justement ses acquis, sa culture et sa curiosité, mais aussi le travail de ses prédécesseurs et de ses contemporains, qui nourriront son processus créatif pour lui permettre justement de réinventer ladite chaise !

Une image composée d’images

Et lorsque, chez le graphic-designer, l’image unique ne vient pas ou ne répond pas au « cahier des charges », le rassemblement de plusieurs d’entre elles peut donner lieu à la construction d’une nouvelle image, l’ensemble formant un vocabulaire graphique spécifique.

Pour ce faire, le graphic-designer dispose de quatre outils quotidiens :
_ la main (sa patte, son style, son talent)
_ Google Images & co (des fonds d’inspirations world wide web, inépuisables)
_ l’oeil (l’outil de pointe d’une rare précision qui ordonne et corrige)
_ la matière grise (véritable pouvoir démiurgique qui impulse l’intelligence au projet)

Et sans cette palette créative au service de la main elle-même pilotée de plus haut, le travail sur les formes serait probablement vide de sens…

Quand on pousse l’exercice à son terme, cet assemblage savant de signes peut devenir en tant que tel, un nouvel élément de langage, qu’il s’agisse d’un système graphique, d’une infographie ou d’une page de magazine.

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