Chaque été, le Festival d’Avignon transforme la ville en une scène géante pour le théâtre. Mais pour les créatifs, c’est un autre spectacle qui se joue : celui de l’affichage.
Dans les rues, sur les murs, les vitrines, les poteaux, les vélos, les escaliers, les panneaux… partout, des affiches ! Des milliers. Littéralement : plus de 2 000 spectacles, donc 2 000 visuels. C’est simple, on se croirait dans un salon de l’imprimé, mais sans badge et avec du pastis.
Et si on regardait Avignon non pas comme un festival de théâtre…
mais comme un immense terrain de jeu pour les amateurs d’identité visuelle ?
Une galerie à ciel ouvert
Le bonheur, pour nous chez LUCIOLE, c’est ce trop-plein visuel. Il y a de tout, du criard au minimaliste, du typo-geek à l’épure photogénique. C’est un feu d’artifice graphique. Et forcément, ça titille l’œil averti : parfois ça pique, parfois ça fascine.
Mais une chose est sûre : impossible de rester indifférent. C’est une overdose joyeuse d’identités visuelles éphémères, collées à la hâte, qui racontent autant les spectacles que leurs auteurs. Une invitation à décoder, analyser, collectionner mentalement.
La Scala, la belle surprise
Dans ce joyeux feu d’artifice visuel, certains lieux tirent leur épingle du mur. Mention spéciale à La Scala Provence, qui signe un travail d’identité graphique d’une rare cohérence. Marquage au sol, tee-shirts, murs, affiches… tout est pensé, aligné, affirmé. Du branding comme on l’aime : subtil mais omniprésent.
Derrière cette signature ? Le designer Rudi Meyer, déjà à l’origine de l’identité de La Scala Paris. On reconnaît sa patte : une élégance graphique sobre, un grand “S” comme un geste de scène, et une colorimétrie franche. Pas de tape-à-l’œil inutile, mais une vraie présence visuelle dans la rue.
Résultat : une identité qu’on remarque, qui respire, et qui intrigue. Et dans une ville saturée de visuels… c’est un petit exploit.
Pas d’identité, beaucoup d’idées
À l’inverse, on ne peut s’empêcher de remarquer l’absence d’identité globale du Festival Off d’Avignon. Chacun fait son affiche dans son coin, selon ses goûts (ou ses budgets), et la ville devient un immense moodboard créatif, parfois inspirant, mais un tantinet anarchique.
C’est à la fois génial et frustrant : génial pour l’inspiration, frustrant quand on imagine ce que pourrait être une ligne graphique commune, ou même une charte ouverte. Un Off, oui, mais pas hors-cadre !
Avignon, l’autre Arles
Pour les amoureux de l’image, Arles est le pèlerinage de la photo. Pour ceux qui aiment le mot, Avignon est celui du verbe. Mais pour les gourmands visuels comme nous, Avignon devient, le temps du festival, une immense expo d’art graphique brut et sincère.
Ici, les affiches ne sont pas juste des supports. Elles sont aussi des cris, des appels, des promesses. Elles vivent, s’accrochent, se décollent, se recouvrent. Elles participent, à leur manière, à la mise en scène générale.
L‘art est dans la rue
En flânant dans les rues d’Avignon, on ne voit pas seulement des spectacles annoncés. On perçoit des intentions, des regards, des styles, des maladresses touchantes et des idées géniales. En somme : de la vie graphique, mais aussi rendue très vivante par la performance des comédiens qui n’hésitent pas, sur chaque petite place ou à chaque coin de rue —et par centaines chaque jour — à assurer la promotion de leur spectacle par des mises en scènes improvisées comme autant de « teasers » bien réels !
Chez LUCIOLE, ce joyeux chaos est un laboratoire à ciel ouvert. On observe, on s’inspire, on s’enthousiasme. Nous étions 3 à être présents en Avignon cette année, chacun de notre côté tant l’offre de spectacle est pléthorique — et qui nous rappelle, au fond, pourquoi on aime tant le design : parce qu’il raconte, lui aussi, des histoires.