25 août 2025

CULTURE GRAPHIQUE

Typo, logos et autres vérités

À l’agence, nous croyons à la précision. Pas celle qui bride l’intuition ou étouffe la liberté graphique. Celle qui éclaire le geste, donne du poids aux choix, et ancre chaque projet dans une cohérence solide. C’est ce que nous avons aimé dans « Tu n’utiliseras point le Comic Sans », un livre à la fois pédagogique et sans détour, coécrit par quatre figures du design international. 

Derrière son titre clin d’œil se cache une bible maligne et cultivée, une tentative sérieuse et joyeuse de fixer 365 lois — pas dogmatiques, mais éclairantes — pour mieux penser le design graphique. Nous en avons retenu dix. Dix lois comme autant de principes de travail, à confronter à notre propre approche. Et à notre conviction : un bon design ne doit pas seulement être vu — il doit être compris, vécu, et parfois… relu.

Du manifeste au manuel, sans détour

Le livre est le fruit d’un travail collectif mené par quatre grands noms du graphisme contemporain : Sean Adams, Peter Dawson, John Foster et Tony Seddon.
Chacun d’eux porte un regard ancré dans la pratique : Sean Adams, ancien président de l’AIGA, enseigne le design à Los Angeles ; Peter Dawson est cofondateur de l’agence Grade, basée à Londres ; John Foster a œuvré aussi bien pour des magazines indépendants que pour Coca-Cola ; quant à Tony Seddon, il est connu pour ses ouvrages de vulgarisation du design, accessibles sans être simplistes.

Avec « Tu n’utiliseras point le Comic Sans », ils livrent un ouvrage à quatre voix, qui ne cherche ni à imposer une vision unique ni à établir une vérité absolue. Au contraire : le livre part de la réalité du terrain, des erreurs communes, des doutes partagés. Et propose, non pas des règles figées, mais des repères solides. Le tout dans un ton complice, jamais moralisateur. 

1. « Tu seras créatif et original, et ne céderas pas à la facilité »

Être reconnu pour son style, c’est bien. Répéter indéfiniment la même recette, beaucoup moins. 
La première loi pose un avertissement clair : il est facile de tomber dans le confort de son propre style. D’en faire une signature… puis une manie. Le livre critique ces agences qui appliquent le même filtre esthétique à tous leurs projets — jusqu’à effacer les spécificités de leurs clients.

Chez LUCIOLE, nous ne croyons pas à la formule magique. 
Chaque marque mérite une réponse sur mesure. Et si nos productions partagent une exigence (conceptuelle, éditoriale, typographique), elles ne s’assemblent pas en série.

Pas de prêt-à-créer : nous défendons l’intelligence contextuelle. Un bon branding ne naît pas d’une recette graphique mais d’une compréhension profonde de l’identité, des enjeux, du temps long. C’est pourquoi nos projets d’identité visuelle, comme ceux menés pour l’Agence de la biomédecine ou Novarc, s’inventent dans un dialogue continu, entre vision stratégique et liberté formelle.

2. « Tu trouveras l’inspiration en étudiant de grandes œuvres d’art »

Il y a plus de réponses dans une toile de Rothko que dans Pinterest. 
Le livre invite les designers à sortir des sentiers battus (et des moodboards copiés-collés) pour aller chercher l’inspiration là où elle est vive, sensuelle, historique : dans les œuvres d’art. La couleur, la composition, le rythme : tout est là, depuis des siècles, à qui sait regarder. C’est une démarche que nous revendiquons. Car chez LUCIOLE, l’inspiration est une matière culturelle. Nous nous nourrissons de peinture, de sculpture, de design d’objet, de photographie, autant que de livres et de typographie. C’est ce regard qui nourrit notre approche éditoriale : plus sensible, plus cultivée, moins littérale.

3. « Tu concevras un logo qui saura s’adapter aux évolutions de l’entreprise »

Un bon logo dure toujours plus longtemps qu’une tendance.
Un bon logo, c’est comme une boussole visuelle : il ne doit pas figer une entreprise dans son époque ni la cantonner à une offre. Dans le livre, l’exemple de Paul Rand pour IBM est éloquent — un logo sobre, typographique, presque neutre, qui a traversé les décennies en s’adaptant aux mutations de l’entreprise. À l’inverse, un logo trop littéral ou ancré dans une esthétique passagère devient vite un fardeau visuel à chaque changement de cap stratégique.

Chez LUCIOLE, on le répète souvent : un logo n’est pas une illustration, c’est une intention. Quand nous avons accompagné la Cité internationale universitaire de Paris dans l’élaboration de son identité institutionnelle, c’était autant une réflexion de fond sur sa posture que sur sa projection. Le tout avec un objectif clair : installer une empreinte durable, un signe d’appartenance qui marque tout un territoire. 

Dans un monde où les marques doivent dialoguer sur des écrans, sur des packagings, dans des stories ou sur les murs d’un flagship, leur identité ne peut pas être statique. Elle doit respirer — vivre avec son temps, mais ne jamais en dépendre.

4. « Tu seras garant de la cohérence visuelle de ton projet »

Un bon design ne se voit pas : il s’éprouve dans sa singularité.
Un projet graphique n’est pas une accumulation d’éléments décoratifs. Il s’agit d’un écosystème : chaque composant (couleurs, typos, grilles) doit entretenir un lien avec les autres. L’absence de cohérence visuelle nuit à la lisibilité, à la crédibilité et à l’impact émotionnel du message.

À l’agence, ce principe est une évidence. Quand nous avons conçu l’identité visuelle et le site internet de Gaipare, la cohérence ne s’est pas résumée à un kit graphique. Elle est née d’un ton, d’une syntaxe visuelle, d’une discipline formelle, mais sans rigidité. Cela passe par une grammaire des signes, mais aussi par une sensibilité à l’intention. Car la cohérence, c’est aussi la capacité à parler d’une même voix dans toutes ses formes !

5. « Tu comprendras la fonction des différents systèmes de couleur »

Ce que l’œil perçoit doit correspondre à ce que le fichier contient. 
La couleur est un langage technique autant qu’émotionnel. Comprendre les gamuts, les limites des espaces RVB ou CMJN, et l’intérêt du LAB est indispensable pour garantir une fidélité entre l’idée et le rendu. En bref, la couleur est un terrain de jeu… Mais elle obéit à des règles. Dans nos élaborations de rapports annuels par exemple, la justesse colorimétrique est cruciale, comme dans celui élaboré dernièrement pour la D.I.E (Direction de l’Immobilier de l’État, une direction du ministère français de l’Économie et des Finances).

Pour un tel livrable, choisir une teinte, c’est choisir une ambiance, une texture mentale. Voilà pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec les imprimeurs et les développeurs pour que la vision initiale reste intacte de l’écran au papier, du prototype au produit.

6. « Tu créeras un rythme visuel dans la mise en page de livres et de brochures »

Une belle page, c’est une page qui respire.
La mise en page n’est pas une surface statique mais un territoire rythmé. Répétitions,
respirations, ruptures maîtrisées : c’est un langage visuel qui engage le lecteur. La monotonie
est l’ennemie du sens.

Ce que nous appelons « rythme graphique », c’est ce qui empêche l’œil de s’endormir, ce qui
le maintien stimulé durablement. C’est aussi ce qui crée un lien intuitif avec le contenu. Pour
le magazine éponyme de la Maison DEGRENNE, nous avons fait le choix de compositions qui
instaurent un tempo : des silences, des crescendos, des surprises mesurées. Car la lecture est
aussi un parcours sensoriel !

7. « Tu garderas toujours avec toi un exemplaire du Code typographique de l’Imprimerie nationale »

Un bon texte, c’est aussi une bonne ponctuation.
À l’heure où tout le monde produit du contenu, il devient vital de s’accorder sur les fondamentaux de la typographie. Le Code de l’Imprimerie nationale est à ce jour la référence typographique la plus rigoureuse en France.

A l’agence, ce livre trône dans la bibliothèque, entre un spécimen de caractères et un poster pangramme de la police Helvetica. Car un bon design éditorial se mesure aussi à sa précision. Dans chacun de nos projets éditoriaux, la ponctuation n’est pas un détail : elle est syntaxe. Elle guide, hiérarchise, respire. 
Le respect du Code, c’est aussi un respect du lecteur.

8. « Tu vénéreras le Nombre d’Or »

Il y a des proportions que l’œil reconnaît sans savoir pourquoi. 
Cette proportion mathématique, quasi mystique, traverse l’histoire de l’art et du design. Utilisé depuis la Renaissance dans les livres, il permet de structurer l’espace de manière harmonieuse et universellement perçue comme équilibrée.

Chez LUCIOLE, nous ne sommes pas dogmatiques. Mais nous savons que certaines proportions déclenchent un ressenti de justesse. Quand nous construisons une grille de mise en page ou une composition d’affiche, nous mobilisons souvent des rapports simples, inspirés du Nombre d’Or. Pas pour faire joli. Mais pour inscrire une forme dans une mémoire collective du beau, même inconsciente.

9.« Tu parleras à tes clients afin de créer une relation forte »

Une bonne relation client commence par une écoute honnête.
Le design est une relation de confiance. Écouter, comprendre, échanger, c’est aussi important que créer. Une bonne relation client permet de traverser les imprévus, d’ajuster les attentes, de grandir ensemble.

A l’agence, la relation client est une coproduction, empreinte de maïeutique et englobée par une approche itérative. On ne vend pas un livrable, on construit une trajectoire de marque. Chaque projet est le fruit d’une écoute active, de discussions parfois franches, toujours constructives. Et ce au travers de workshops ou d’ateliers construits sur-mesure au plus près des enjeux de chaque projet, à chaque fois que le besoin s’en fait sentir. 

Travailler avec LUCIOLE, ce n’est pas juste « commander un design ». 
C’est dialoguer, parfois remettre en question, mais toujours avancer ensemble.

10. « Tu n’utiliseras point le Comic Sans »

Une typographie peut être sympathique… ou désastreuse.
Créée pour un usage bien précis, la Comic Sans a échappé à tout contrôle. Son usage intempestif est devenu un symbole de mauvais goût typographique, parce qu’elle nie les fonctions de hiérarchisation, de ton et d’intention que porte toute police. À l’agence, on considère qu’on n’a pas besoin de tirer sur une ambulance. 

Ce qui nous intéresse ici, c’est la responsabilité du designer dans le choix typographique. À chaque projet sa voix, sa diction. Dans notre approche, une typographie n’est jamais neutre. Elle suggère, évoque, évoque, structure. Si LUCIOLE donne tant d’attention aux caractères, c’est parce qu’ils sont, en eux-mêmes, des idées.

Le graphisme comme engagement

À travers ces lois — à la fois principes de métier et rappels fondamentaux — le livre « Tu n’utiliseras point le Comic Sans » offre une grammaire du design utile et intemporelle. LUCIOLE s’y retrouve, non pas comme un élève modèle, mais comme une agence qui pratique ce métier avec attention, exigence et humilité. 
Parce que chaque projet mérite mieux qu’un automatisme.

Dans la même famille

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