On aurait pu rêver meilleur épilogue pour la Biennale de Venise qui prendra fin dans quelques jours et dont les aléas météorologiques — et climatiques ? — sonnent une glaçante alerte.
Nos pensées vont aujourd’hui à cette magnifique cité architecturale et culturelle, mais surtout aux Vénitiens qui depuis des siècles font briller ce joyau qui depuis quelques jours prend à nouveau l’eau…
La cité des Doges est en grave danger ainsi que son patrimoine culturel. Notre directeur de création était, ces jours-ci, aux premières loges. Plus que les pieds dans l’eau, quand près de 90% de la surface des rues étaient littéralement sous l’eau avec une troisième « Acqua Alta » de 160 cm hier midi, mais aussi mardi dernier (186 cm) et jeudi matin (140 cm). Et hier encore, une fuite des touristes en mode « escape game » grandeur nature, tandis que l’eau montait.
Patrimoine en danger
Quand on connaît cette ville magnifique et les joyaux qu’elle renferme, on ne peut qu’être attristés par les conséquences de telles inondations, quand l’eau salée rentre partout, privant les commerçants historiques de leur bel outil de travail (le design fait depuis toujours partie de la culture vénitienne) et contraignant les palais, églises, musées et fondations, mais aussi les restaurants et cafés historiques à fermer leurs portes quelques jours, si ce n’est pas pour un temps (beaucoup) plus long…
Tenter de tout mettre « en hauteur » est une possibilité pour ceux qui le peuvent… Mais s’agissant de fresques, de mosaïques, de menuiseries ou de teintures murales, que faire sinon attendre que l’eau reparte, en espérant sauver ce qui pourra l’être ?
Architecture, art et design
Signée par l’agence Mues Design, l’identité tridimensionnelle de cette 58e Biennale d’art contemporain est composée d’une superposition assez minimaliste d’aplats de couleurs mis en perspective et en transparence. Un jeu de formes mises en perspectives qui interagissent entre elles pour « désorienter et intriguer ».
« Sommes-nous dans le passé ou le futur ? », interroge Melanie Mues, designer d’origine allemande et dont le studio est installé à Londres, à l’origine de cette identité visuelle.
Le titre choisi cette année, « May you live in interesting times » (« Puissiez-vous vivre à une époque intéressante »), reprend comme le souligne Connaissance des Arts « une formule inventée en Angleterre qui a longtemps été citée à tort comme un proverbe chinois, pour évoquer des périodes d’incertitudes et de crises ». Titre prémonitoire ?
Souhaitons que le futur de cette biennale comme de cette ville magique construite sur l’eau puissent se projeter dans l’avenir plutôt que de se conjuguer au passé.
Soutenir Venise
Il est possible de faire un don à destination de la ville et des Vénitiens directement sur le site de la commune ou, comme l’a fait Luciole, en soutenant la préservation et la restauration des œuvres d’art.
Mais il faut surtout ne pas hésiter à (re)visiter « la Sérénissime » et à se rendre sur place pour (re)découvrir les collections de musées et les expositions temporaires, pour se masquer lors de son carnaval et pour faire honneur à l’apperitivo et aux « cicchetti » des bacari typiquement vénitiens, avec un Spritz ou un verre de Valpolicella afin de remettre de la joie et des rires dans la cité meurtrie.