On aime nos couleurs nationales lorsqu’elles sont portées et défendues par les bleus, et particulièrement ces derniers jours. Mais en sommes-nous fiers au point de nous les approprier dans notre quotidien ?
Cette fascination pour le football à partir des quarts de finales est parfaitement légitime et, comme tout citoyen de tous ces pays présents sur la pelouse moscovite, on défend notre équipe et donc nos couleurs, même sous une pluie battante sur une pelouse russe.
Le bleu-blanc-rouge est partout : des drapeaux qu’on agite au maquillage tricolore (en rupture de stock depuis les quarts de finale) que beaucoup d’entre nous portent avec la fierté et l’assurance d’un Sioux et ses peintures de guerre. Nous passerons rapidement sur les packagings de pizza et autres produits dérivés, moins glamours.
Mais curieusement, en dehors de ces épisodes sportifs internationaux, nous cultivons une certaine distance avec nos couleurs et notre drapeau, comme si on s’obligeait à les rattacher à des usages limités ou « autorisés ». Qu’il s’agisse de l’État, des militaires, des partis politiques (qui pour certains ont un vrai problème avec ça : bleu-blanc-rouge = droite ? Et puis quoi encore !). Et bien sûr, à une tradition footbalistique voire sportive au sens large dès lors qu’on sort de nos frontières.
Le bleu-blanc-rouge n’est pas vraiment tendance s’agissant de mode ou de design, comme nos voisins cultivent leurs couleurs avec plus de simplicité : les Anglais portent l’Union Jack avec fierté, qu’il s’agisse d’une paire de chaussettes ou de Converse, d’un polo, d’une coque d’iPhone ou d’un réfrigérateur Smeg et jusqu’au toit d’une Mini trop stylée, comme dirait un « Millenial » avec ses mots à lui. Ou d’un bouchon de baignoire aux couleurs de la Grande-Bretagne (vu sur Internet).
Idem chez nos voisins italiens. Les couleurs de ce pays latin se déclinent sans la moindre gêne et avec une charmante arrogance toute italienne : cafetière italienne, mobilier, liseré vert-blanc-rouge sur une Fiat 500 en série limitée, mais également chez Smeg, qui décline une version italienne de son célèbre frigo vintage. Et bien sûr, dans la mode.
Chez nous, c’est plus compliqué et c’est d’ailleurs assez étrange. Pas de Twingo au toit bleu-blanc-rouge, ni de grille pain tricolore. Un gilet ou un petit haut taillé dans un drapeau ? Mais vous n’y pensez pas ! Et si d’aventure il fallait porter des boutons de manchettes cocarde, il y aurait bien quelqu’un dans son entourage pour trouver ça louche — Il vote qui lui déjà ? — Soupir… Chez Smeg, le réfrigérateur bleu-blanc-rouge a bien été édité en série limitée, mais l’a-t-on déjà vu dans un magazine de décoration ?
Profitons de cette descente des Champs Elysées parés dans nos couleurs de vainqueurs ! Puisse ce mouvement populaire, dans toute la beauté du terme, nous permettre de défendre la marque France, non comme des protectionnistes invétérés que nous ne sommes pas — nous accueillons près de 70 millions de touristes l’été dans notre beau pays — mais plus volontiers comme ce beau coq gentiment bruyant en particulier hier soir ! Ne dit-on pas « fier comme un coq » ?